Une Rencontre
Flânant à refaire le monde, à boire sans soif, pour tuer ce temps que j’avais devant moi !... Sans rien espérer d’autre qu’un moment de solitude au milieu des gens, j’ai été touché par la grâce, comme ça… surpris !... touché !... Comme tiré par un sniper au hasard de la foule je me suis fais touché par la grâce… une bière à la main… secoué, éveillé, émerveillé… et comme on peut rêver souvent de voir le paradis, j’y suis entré malgré moi… je les ai vus… deux corps qui s’épousaient… au rythme du vent, des chants d’oiseaux… image de volupté, de paix et de beauté… ces deux-là bougeaient, s’enlaçaient, s’aimaient sans jamais vraiment se toucher, à chaque pas qu’ils faisaient, l’amour les liaient l‘un à l’autre… ils m’ont ravi, comblé… courant, trottinant, suspendus entre joie et beauté… mouvement parfait… moment d’apothéose… sensualité divine, de chair et d’esprit… communion de l’être et l’infini… plénitude autant espérée qu’inavouée… admiratif incurable, blessé à vue… mon regard m’a trahi… je m’ennuyais, furetais, cherchais à ne rien voir… oublier !…J’ai posé ce regard sur eux… l’ai posé comme on le pose sur les choses… furtif et anodin… danse d’amour rituel, de vie… « pas de deux » entre ciel et terre, ode chorégraphiée amusant le paradis, déclarant la guerre à l’enfer… leurs corps vibrant d’amour et de passion pour la danse et la transe qu’ils imposent ici, comme le flash d’une autre vie, à ceux qui les remarquent et les envient… Tout prendre, figer l’instant… fermer les yeux, prendre racine, fleur de rose, rêve de rose… rythmer la vie comme une chose à sa place… Je ne serai plus jamais moi-même, un souffle m’a changé… Un miroir s’est cassé… qui renvoyait mon image à ceux qui m’aimaient… mes traits seront tirés, ma voix se taira… tout en moi s’est arraché, déstructuré, j’étais un écorché me voilà dénudé…. libéré de tout… de cette bière à la main, tombé comme moi mais de beaucoup moins haut… ne rien dire quand la grâce vous touche !... ou cet instant s’envole et disparaît à tout jamais, vous laisse reprendre votre vie d’avant, dans le même courant, comme si de rien n’était… qu’une vie suffisait… la grâce m’a touché, je l’ai suivi… mes pensées se sont tues… m’ont fichu la paix… mais un souffle s’est échappé… que je ne reverrai plus… le dernier sans doute…. j’ai tout oublié, me suis trompé… avant, avant ça… mon âme a changé de direction, nous nous sommes séparés… sans doute jalouse que je m’élève sans elle… je suis tout autre… marcherais comme on rêve de vivre, libre de tout… rivaliserais avec les plus beaux danseurs... en harmonie et majesté… je respirerais comme on chante et offrirais à tous ce bel opéra de l’hymne à la vie !…
Une belle œuvre du hasard de vie m’a tiré d’ennui… une balle perdue qu’on espère toujours, qu’on attend plus… la grâce m’a touché... touché de partout, mon cœur tenait encore à la vie… plus qu’une douleur qui va passer, un bonheur qui va durer… que l’on garde dans ses chairs pour y voir clair quand le doute éteint la lumière… que l’on prend par la main pour faire un bout de chemin, qu’on rêve au matin et le soir ne vous quitte jamais… la grâce m’a touché alors moi, je l’ai suivi... de grâce, je me voulais dans ses bras, osais quelques uns de ses pas… je me sentais si bien... sa démarche si souple et élégante… danse si voluptueuse… j’ai perdu pied… ai voulu les copier, sauter à grands pas au-dessus des petits soucis, sourire à la vie, comme on donne des couleurs au monde, ivre de bonheur, j’ai voulu vibrer encore pour le monde entier… donné des cours au fleuve pour remplir son lit, me suis laissé porter par ses flots à m’en glacer le dos, me suis jeté dans la mer comme on crie, perdu dans l’océan… j’ai hurlé à la lune, aux étoiles qui les guidaient qu’elles viennent nous rejoindre, j’ai regardé le soleil en pleine face pour le faire fondre… j’ai redonné la chaleur aux cœurs des hommes, refroidi les mauvaises intentions des imbéciles, j’ai trouvé une île ou ceux qui s’aiment peuvent vivre sans jours et nuits, sans temps qui passe… j’ai cassé la glace entre l’audace et le fugace… j’ai été touché par la grâce !… Respirer, encore, continuer sa route, trouver son chemin sans que rien ne me casse et jamais ne m’en lasse !