Lettre à Fernand
le
dans Humeur et Poésie
- Aucun commentaire
Mon cher Fernand,
Parce que notre ciel est empli d’étoiles que nous avons comptées ensemble je viens à toi le cœur fissuré par ces choses de la vie des hommes. Tu sais ce monde que nous voulions fuir étant enfants nous joue un vilain tour… notre Félicien se retrouve seul, enfin, comme il l‘avait souhaité… Sa femme nous a quittés l’an dernier ; la solitude lui allait assez bien à notre bel ami d’enfance, devenu bellâtre et barbon aujourd’hui, mais nos folies d’un autre âge le rattrapent et le poussent dans un monde que seules les âmes perdues découvrent sans jamais en revenir. Rien n’y fait de ce que j’ai pu essayer pour le ramener à la raison et je crains que notre serment « que cette toile d’étoiles nous unisse pour toujours et jamais ne voile nos cœurs d’enfants » vienne recouvrir la vie restante de notre ami commun. Si ton cœur est encore par chez nous malgré le tourbillon qui t’a porté au loin, viens à ton tour nous rapporter la vie ici. Car le village sans les frasques incessantes et innommables, de ce vieux bougre se meurt lui aussi.
Bien à toi, la Jeannine qui t’embrasse.
